Qu’est ce que la microflore ?
Pour jardiner en bon père de famille, nous ne pouvons pas faire abstraction du rôle de la micro-flore car elle a une action primordiale sur la fertilité du sol. La micro-flore participe à rendre admissible les 32 éléments nécessaires aux plantes. Lavoisier nous dit « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme». C’est aussi la base du fonctionnement du potager en lasagne…
Avant de vous parler des principes fondamentaux de la culture en lasagne, je souhaite vous alerter sur les mécanismes biologiques qui s’opèrent naturellement et qui rendent la vie plus facile aux fruits et
légumes du potager en lasagne. Lors de mes précédentes interventions, je vous ai alerté sur le rôle de la vie microbienne, sur l’existence de la microfaune et sur la manière dont les plantes se nourrissent. Aujourd’hui, je souhaite mettre l’accent sur la microflore invisible.
La plante a le pouvoir d’attirer les micro-organismes qui lui sont les plus favorables et ils s’installent dans la rhizosphère (zone des racines). Ce monde invisible vit en symbiose comme les champignons mycorhiziens. Dans cet écosystème, le rôle du jardinier n’est plus de nourrir la plante mais de nourrir et entretenir cette microflore et microfaune qui apportent l’ensemble des nutriments dont la plante à besoin. Ainsi elle sera en parfaite santé et elle pourra lutter contre ses parasites. À ce stade, on peut affirmer que la production du jardin est chargé d’un potentiel de vie certain. Le potager en lasagne devient le levain de votre culture.
Vertes, jaunes, bleues se sont les algues…
Les algues vivent à la surface du sol ; elles sont microscopiques. Elles ont besoin de soleil et elles prospèrent dans les sols acides. Leur nombre varie de 100 à 500 kg à l’hectare. Les algues affectionnent l’ humidité, leur développement est donc plus important au printemps. La population décroît en été jusqu’à l’hiver. Elles fabriquent de la matière organique, elle fixe l’azote gazeux au niveau du sol, elle solubilise le calcium et elle minéralise certains éléments solubles dans l’eau afin de les intégrer au complexe argilo-humique.
2/3 de la biomasse est constituée par des champignons…
Les champignons sont beaucoup plus nombreux que les algues : 1 à 2 tonnes/hectare. Ils sont à l’origine de la formation de l’humus et prolifèrent dans la litière en mode aérobique. Les champignons microscopiques forment des moisissures visibles à l’œil. Ils entretiennent l’humus en décomposant la cellulose et la lignine pour y extraire le carbone des déchets bruns du potager en lasagne. Ce carbone sert de carburant aux autres micro-organismes. Ils permettent l’assimilation des oligo-éléments et des minéraux. Certains champignons régulent les nématodes en les piègent. Ils fabriquent également des antibiotiques naturelles qui équilibre l’écosystème du jardin contre les maladies fongiques. Les champignons ont une incidence sur la structure du sol. Ils ont souvent un rôle de dépollueur également.
Il existe des champignons particuliers dits mycorhiziens qui sont essentiels pour tous les végétaux.
Grâce à des échanges avec le système racinaire, leurs hyphes fongiques permettent de prolonger la zone de captage des racines par 800 ou 1000 fois. Leur rôle primordial permet de soutenir le système racinaire et de faciliter la colonisation des sols ingrats. Afin de les préserver, il ne faut plus retourner le sol pour ne pas rompre les hyphes. Vous pouvez observer les amas de filaments blancs et lorsque les conditions sont optimales le mycélium produit un chapeau et vous obtenez la formation des champignons tels que nous les connaissons. Le champignon mycorhizien se fixe sur la racine et par symbiose les deux partenaires s’échangent les nutriments auxquels ils n’ ont pas accès. Soit parce qu’ils ne peuvent pas les produire comme les sucres pour le champignon soit parce qu’ils ne peuvent pas les atteindre pour la plantes comme l’eau ou d’autres éléments solubles qui ne sont disponibles dans la rhizosphère. Les hyphes du champignon pénètrent dans la racine et l’échange se matérialise par contact cellulaire sans qu’il y ait attaque. On parle de champignons ectomycorhizes. Ils se développent dans la zone des radicelles. La truffe est le plus célèbre des champignons mycorhiziens.
Dans la lutte et l’équilibre sanitaire du sol, les champignons sont des alliés précieux ; ils protègent la plante grâce aux antibiotiques qu’ils produisent, ils protègent ainsi une source d’approvisionnement. Nos antibiotiques sont également produites par des souches sélectionnées de champignons.
Les actinomycètes : bactéries ou champignons ?
Les actinomycètes sont des champignons rayonnants ou des bactéries filamenteuses, les scientifiques ne sont pas d’accords à ce jour. Leurs filaments mycéliens rayonnent autour du point de croissance. Ils colonisent tout type de sol, on en dénombre en 500 000 et 36 millions par gramme de terre. Les actinomycètes produisent des enzymes et des antibiotiques naturelles mais cette liste est sans doute incomplète. Ils sont responsables de nombreuses réactions biochimiques. Dans le compost, ils permettent la pasteurisation des déchets et préparent grâce aux antibiotiques qui produisent, une niche écologique pour les champignons qui poursuivront le travail de transformation.
Au final, jardiner avec la nature…
Mon expérience du jardinage me prouve qu’il est plus facile de jardiner en utilisant les forces vives de la nature : les micro-organismes qui composent la microfaune et la microflore. Ce sont des milliards d’être-vivants dans une seule poignée de terre arable lorsque celle-ci est vivante. Autant d’alliés pour les jardiniers que nous sommes. Notre potager en lasagne n’est pas le jardin des fraternités ouvrières de Mouscron en Belgique mais il est question du même mécanisme : redonner au sol toute sa puissance grâce à l’action des micro-organismes. Ils ont pour objectif d’humifier et minéraliser la matière organique mise à disposition dans la culture en lasagne par l’association de déchets vert et bruns, ils aèrent le sol, gèrent l’eau, captent l’azote et emprisonnent le carbone.
Je n’ai jamais eu la nécessité de faire un traitement dans mon potager en lasagne car l’écosystème que vous créez est optimal pour l’approvisionnement des plantes qui sont aptes à lutter contre les agressions. Certains jardiniers affirment les plantes en bonne santé ne sont jamais attaquées par les parasites ou les maladies fongiques. Je crois fortement à cette hypothèse qui conditionne ma façon de jardiner aujourd’hui. Je sais que les gastéropodes sont des nettoyeurs qui consomment ce qui va mourir ou ce qui est déjà mort par exemple. Cela nous amène à nous poser de nouvelles questions sur le jardinage.
Soyez certain qu’ en employant des intrants synthétiques vous détruisez en permanence ce que la nature a créé et mais en œuvre pour faciliter la croissance des végétaux. Vous imaginez mieux l’ineptie à utiliser des graines pelliculées hormis de vous faire passer à la caisse enregistreuse à tous les stades de la production. Voici le dessein inavouable de l’industrie des semences et des fabricants de produits proprement appelés phytosanitaires. Mais grâce à votre potager en lasagne, vous êtes encrées dans une démarche parmi les plus vertueuses pour votre jardin…
Pour vous documenter, je vous conseille les ouvrages ci-dessous.
Franck des Ateliers en Herbe.