Du carton dans le potager, késaco ?
La technique du potager en lasagne par cette association de différentes couches de déchets qui ouvrent la porte d’un jardin productif aux débutants et aux citadins fait parlé. La première couche du potager en lasagne composée de carton fait débat.
Et la remarque ne tarde pas à sortir de toutes les bouches : « Que vient faire ce carton dans mon jardin? ». Le rôle du
carton dans le potager en lasagne est développé au fil des publications que je vous propose. Puis s’ensuit la question fondamentale : » Le carton est-il nocif pour l’environnement ?« . Je vous propose de répondre à cette question qui est primordiale dans la pratique du jardinage durable.
Le carton a été inventé en 1751 par un français, un élève de René-Antoine Ferchault de Réaumur qui l’aurait élaboré pour des applications bien précises comme les plats, les emboîtages de reliure et les cartes à jouer. L’industrie du carton a démarré au début du 20ième siècle.
Quelles substances trouve-t-on dans le carton ?
Votre potager en lasagne doit être composé de carton qui soit le plus simple possible, de couleur brune. Ce brun est la couleur du carton brut. Les pelliculages brillants sont à proscrire car réalisé à partir de polypropylène ou d’acétate, ainsi que les cartons couchés ou colorés. Il faut retirer les restes d’adhésifs, les étiquettes et les agrafes.
Le carton est formé par des feuilles de papier contrecollées. La composition du carton est très proche de celle du papier.
Le carton est composé majoritairement de matériaux naturels. On y recense : de la cellulose, un agent collant et une charge. La cellulose est une macromolécule très répandue car elle représente la moitié de tout le carbone organique contenus dans les être-vivants. Le carton est composé de 40 à 50% de cellulose. Ce sont les chaînes formées par les molécules de cellulose qui constituent la matière du carton. Les cartons de moins bonne qualité comporte de la lignine qui est un ingrédient des parois cellulaires végétales. La lignine offre la rigidité au carton, il s’agit d’un polymère qui est décomposé par les champignons du sol. Un agent collant empêche de carton de prendre l’humidité, il s’agit du sulfate d’aluminium (alun) ou de colophane extrait de la résine de conifères.
En plus de ses 3 composants principaux, le carton renferme du kaolin (silicate naturel), du gypse (sulfate de calcium) et du talc. Ils sont incorporés à la patte pour réduire la porosité de la fibre ou donner de la blancheur. Pour donner son aspect au carton, on utilise de l’amidon provenant du blé, de l’orge, du maïs, de la pomme de terre, de la patate douce, du riz et du manioc principalement.
Au final, le carton n’est composé que de molécule issue de végétaux que l’ont rencontre à l’état naturel. Le carton peut-être un matériau 100% naturel tant qu’il n’est pas blanchi. La fabrication du carton est assez énergivore mais elle ne comporte pas de procédé chimique désastreux.
Le carton est souvent issu de la filière de recyclage du papier et autres cartons. 60% du papier est recyclé ce qui participe à la fabrication de nouvelle caisse en carton. Dans ce cas, 91% de la cellulose provient de matière recyclée et 19% est de la fibre nouvelle issue de scierie ou de matériaux de forêt durablement gérée car une majorité de site de production sont labellisés PEFC ou FCS. La cellulose peut être recyclée jusqu’à 7 fois. En France, 56 usines papetières (sur un total de 94 usines) recyclent des PCR, et 37 d’entre elles fabriquent des papiers et des cartons exclusivement par recyclage.
Quid de l’encre ?
Pour ce qui est de l’encre, il est utilisé de façon modéré sur les cartons destinés à la lasagne. Les encres végétales ne sont pas utilisés sur nos fameux cartons d’emballage. L’encre utilisée pour l’impression est une pâte épaisse qui contient des colorants, des huiles, des essences, des alcools, des résines… Parfois, elle est à base d’huile végétale (colza, soja, palme…), ce qui préserve la qualité de l’air intérieur au sein de l’imprimerie, car il n’y a pas ou très peu de composés organiques volatils rejetés au moment de leur utilisation. Cependant, l’encre végétale contient aussi des résines alkyle et phénoliques, des produits surtout dangereux au moment de leur fabrication (source Terre Vivante). L’encre est beaucoup moins naturelle que la carton lui-même. Pour les cartons destinés au potager en lasagne, l’encre doit être un ingrédient mineur car il est important de ne pas jardiner sur le dos de la planète en appliquant un principe de précaution.
Pour conclure, je me permettrais de citer Philip Forrer qui précise dans les vidéos de son jardin qui nous fait tous rêver que le carton est très bon pour le jardin. Il est largement employé dans la permaculture pour différents usages. Personnellement je constate année après année que le sol de mon jardin retrouve une vitalité sans précédent : signe que l’utilisation du carton n’est pas incompatible avec un jardinage en conscience.
Je vous propose une bibliographie personnelle pour ceux qui souhaitent en savoir davantage sur le potager en lasagne.
@FranckTerras
Une réflexion au sujet de « Du carton dans le potager, késaco ? »
Salut,
J’ai accès à du bois mort (branches et branchages tombés en forêt) plus facilement qu’à des cartons d’emballage ! Est-ce que ceci peut remplacer avantageusement le carton dans l’élaboration des couches de culture ? De la même façon, je peux aussi récupérer des monceaux de feuilles mortes.
Je pensais donc préparer mes couches avec du bois mort, d’abord le plus gros, puis par dessus du plus petit, puis éventuellement ce même bois broyé, ensuite des feuilles mortes, avant de mettre du vert (tonte fraîche), puis une autre couche de feuilles mortes, et terminer par un mélange terreau/terre de jardin.
Le tout dans des bacs en bois, un genre de « carré potager »…
Mes différentes lectures (ici et ailleurs) m’ont conduit à cette réflexion, mais avant de me lancer, j’aimerais avoir votre avis éclairé !
Merci d’avance, pour votre réponse et pour tout le reste !