La Vie d’une Herbaliste

Atelier cueillette et distillation - Les Ateliers en Herbe.

La vie d’une herbaliste…

Une ou un herbaliste pourrait être un clone d’herboriste car il connaît l’usage des plantes et leur transformation pour en faire le commerce auprès du consommateur final. Mais les herbalistes ont tout à reconstruire du fait que l’herboriste est été banni en 1941 par le gouvernement de Vichy. Le monde végétal est très généreux et nos ancêtres herboristes y consacraient toute une vie. La tache est immense pour se réapproprier et adapter les remèdes et les techniques d’antan. Les herbalistes sont entrés en sacerdoce. L’appellation est née récemment, dérivée de la terminologie anglo-saxonne « herbalist » pour palier à cette carence.

La médecine de synthèse n’est âgée que de 200 ans environ. Alors que la médecine par les plantes a toujours été enseignée et pratiquée bien avant notre ère. Le diplôme d’herboriste a été délivré par la faculté

Sandrine est Herbaliste : Les Ateliers en Herbe
Sandrine est Herbaliste : Les Ateliers en Herbe

de médecine à partir de 1778 et les derniers l’ont été le 11 septembre 1941. Un diplôme universitaire de phytothérapie réservé aux médecins, pharmaciens et vétérinaires est délivré par la faculté de médecine Paris XIII. Selon la loi L659 du Code de la santé publique, l’exercice de l’herboristerie est réservé aux pharmaciens titulaires d’un diplôme de faculté et aux derniers diplômés d’herboristerie mais les pharmaciens sont restés les seuls à avoir le droit de vendre les plantes ne figurant pas dans la liste des plantes en vente libre.

La vente libre est régie par le Décret n° 2008-841 du 22 août 2008 relatif à la vente au public des plantes médicinales inscrites à la Pharmacopée et modifiant l’article D. 4211-11 du code de la santé publique. Il autorise la commercialisation de 148 plantes dites médicinales. Il s’agit en réalité de plantes aromatiques largement utilisées en cuisine dans le monde, de végétaux indigènes comme le figuier ou la violette. Ces plantes doivent être commercialisées en l’état, en poudre ou en extrait sec aqueux, aucun procédé simple de transformation n’est autorisé comme le macérât huileux ou alcoolique ce qui limite l’extraction des principes actifs de la plante pour des usages variés. Dans les faits, chacun doit jouer les apothicaires pour utiliser les vertus de la phytothérapie.

Le cursus d’Herbaliste est un enseignement complet pour apprendre à reconnaître les plantes médicinales, les cueillir, les préparer et les utiliser en toute sécurité. Le diplôme d’herboriste est reconnu en Allemagne, en Italie, au Royaume Uni, en Suisse, en Belgique et en Espagne pour ne citer que cela. La France comporte différents formations non reconnues plus ou moins développées. Aujourd’hui, on rencontre dans ce cursus des professionnels de la Santé comme les médecins, pharmaciens, infirmières. Forcé de constater que les pouvoirs publiques et la majorité des pharmaciens tuent l’herboristerie à petit feu laissant ainsi l’exclusivité aux produits de synthèse. Aujourd’hui , le progrès technique livre les secrets de l’herboristerie, ouvre de nouvelles pistes de recherches et livre à ceux que veulent l’entendre tous les intérêts d’une médecine par les plantes.

Comme les maisons en terre qui représentent le mode constructif le plus usité dans le monde, l’herboristerie et plus largement la phytothérapie sont les plus pratiquées. Pourtant elles sont souvent délaissées par les pharmacie où les maigres présentoirs et les flacons d’apothicaires servent simplement de caution décorative. L’herboristerie est gratuite pour ceux qui peuvent cultiver quelques plantes, elle est économique pour ceux qui doivent les acheter. Elle est décomplexée de tout effet secondaire si vous évitez l’effet cocktail avec les médicaments de synthèse. Elle demeure à mes yeux la médecine de l’évidence, de la simplicité, de la sincérité et de la vie.

Cueillir et transformer les plantes médicinales : Les Ateliers en Herbe
Cueillir et transformer les plantes médicinales : Les Ateliers en Herbe

Je ne comprendrais jamais pourquoi payer pour un bien-être existentiel qui se trouve gratuitement dans la nature. Par comparaison avec notre système de santé en déroute, entre le coût et les effets cachés des médicaments de synthèse, la réponse est évidente. Je répondrais simplement à ceux qui accusent les herboristes ou les phytothérapeutes d’amateurs éclairés et des marchands d’espoir qui surfent sur la vague de naturel de revoir leurs annales de médecine et le fonctionnement de l’espèce humaine… La plante n’est pas un médicament mais un moyen de rester en bonne santé.

Entre information et désinformation, entre raccourcis et incompétence, je ne saurais vous dire de ce qu’il en est de l’avenir de l’herboristerie. Pourtant, je suis l’exemple vivant de la réussite d’une prise en charge complète de la pharmacopée familiale par l’autoproduction et l’automédication par les plantes. J’explore cette voie en tant que future herbaliste sur mes proches parce que je n’ai pas le droit de faire bénéficier mes acquis à d’autres. Dans ce contexte de répression, il est primordiale de semer des petites graines partout en Europe afin de perpétuer ce patrimoine et ce savoir. Ainsi il demeurera disponible à ceux qui en font la demande soit par conviction, soit par nécessité dans un avenir plus ou moins proche.

Mon expérience prouve que l’herboristerie incarne la médecine du futur car elle nous est offerte par notre écosystème. Elle demeurera la seule à être 100% compatible avec celui-ci dans un processus de production biologique et du respect du terroir. Voici les idées et les savoirs concernant l’herboristerie que je transmets lors de mes ateliers…

Sandrine Bazzo.

5 réflexions au sujet de « La Vie d’une Herbaliste »

  1. Très bel article ! Je me demandais tout de même si l’on passe une formation en belgique peut ont avoir le statut d’herboriste (sans être pharmacien) et exercer en belgique la vente de plante en dehors de la liste des 148 plantes « libres de droits » . Le métier d’herboriste en tant que tel est-il reconnus en belgique ?

    1. Merci Vincent pour votre commentaire. Il n’ai jamais trop tard pour faire ce que l’on a envie. Je débutais ma formation à l’Ecole Lyonnaise des Plantes Médicinales à 38 ans, à un moment où chaque individu fait un point sur sa vie. Ce changement de cap comporte des risques mais cela reste très passionnant si on fait le tour de la question en amont. Aujourd’hui je conseille à tout le monde de se rapprocher de la Nature car elle nous apporte beaucoup de plaisirs, de satisfactions, de liberté…

      A bientôt !
      Sandrine

      1. Je vous félicite pour votre site, très agréable et qui donne envie…
        A 38 ans vous avez débuté une formation à l’ELPM. Je suis au même âge entrain de me poser les mêmes questions. Un changement de cap est toujours un risque à prendre, est ce que j’en aurai le courage ?
        Quelle sont les bonnes questions à me poser avant de me lancer ?

        Je vous souhaite une bonne continuation.

        « Une mauvais herbe est une plante dont on n’a pas encore trouvé les vertus » de Ralph Waldo Emerson

        1. Bonjour Sandra et merci pour votre témoignage…

          Je me suis effectivement lancer dans une aventure nouvelle. Ce n’est pas toujours évident mais j’ai la satisfaction de faire ce qui me plait… Je ne gagne pas bien ma vie selon les critères actuels mais la nature me donne beaucoup de plaisirs et elle me permet de faire des économies en comparaison du mode de vie que nous avions précédemment. Aujourd’hui je me suffis de moins de revenus et je suis de plus en plus autonome, cette liberté me permet d’aborder l’avenir sereinement. Mon objectif est de pouvoir le partager avec le plus grand nombre car il s’agit d’un cercle vertueux pour se désintoxiquer de la société de consommation et de ses travers pour l’Homme et la Nature.

          La question de la reconvention peut se poser indéfiniment. Il faut se lancer dans une activité qui plait pour pouvoir accepter toutes les contreparties. Car il y en a forcement, rien n’est tout noir ou tout blanc. Il faut trouver le juste milieu. Cet équilibre qui permet de poursuivre l’aventure…

          Vous vous intéressez à la Nature, aux plantes, au jardinage. Voici des domaines qui vous permettront de vous connecter à votre environnement, aux énergies les plus profondes puis à votre inconscient afin de trouver votre chemin de vie. Il faut laisser le temps au temps, lâcher prise face à la société pour pouvoir se recentrer pour rebondir. C’est plus facile à écrire qu’à faire… Au final, il y a autant de solutions que d’êtres humains, il n’y a pas d’exemple à suivre simplement des inspirations à trouver dans les expériences des autres.

          Il n’y a donc aucun conseil à donner sinon expérimenter ce que vous avez envie de faire…

          Bon courage !
          Sandrine

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